Entré en vigueur le 05 août 2025 et appliqué en mi-septembre, l’accord franco-britannique sur l’immigration vise à dissuader les traversées périlleuses dans la Manche. Instaurant le principe “one in, one out”, il prévoit le renvoi en France d’un migrant arrivant au Royaume-Uni en échange de l’accueil d’un autre migrant se trouvant dans l’Hexagone.
Augmentation croissante des traversées périlleuses de la Manche
Chaque année, des milliers de migrants bravent les eaux glacées de la Manche à bord de frêles embarcations, espérant atteindre les côtes britanniques.
En 2024, plus de 67 000 traversées illégales ont été recensées, la plupart orchestrées par des réseaux de passeurs toujours plus organisés. Un chiffre en constante augmentation, qui illustre l’ampleur du phénomène et sa dangerosité.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), ces tentatives ont coûté la vie à au moins 355 personnes depuis 2014, avec un record de 85 décès et disparitions en 2024. Une tragédie humaine qui continue de s’aggraver, malgré les dispositifs de contrôle renforcés des deux côtés du détroit.
Au début de l’année 2025, le Royaume-Uni comptait déjà plus de 25 400 migrants arrivés de la Manche sur des petits bateaux.

L’accord franco-britannique de juillet 2025 comme outil de dissuasion
Face à la situation, la France et le Royaume-Uni ont décidé d’unir leurs forces.
Lors de la visite d’État du président français Emmanuel Macron à Londres au mois de juillet 2025, les deux pays ont scellé un accord inédit prévoyant un système d’échange de migrants à leurs frontières.
L’objectif est simple : dissuader les traversées illégales et démanteler les réseaux de passeurs.
Les modalités du dispositif “one in, one out”
Cet accord franco-britannique repose sur le principe “one in, one out”. Concrètement, le gouvernement britannique pourra arrêter et renvoyer vers la France tout individu arrivant au Royaume-Uni en traversant la Manche en small boat, sauf s’il est éligible à l’obtention d’une protection internationale ou est un mineur non accompagné.
À la suite de quoi, la personne concernée se verra recevoir un visa de 3 mois. Elle devra, par la suite, demander l’asile ou un titre de séjour.
Le renvoi se fait dans un délai de 14 jours et les frais de transport sont à la charge du Royaume-Uni. En revanche, les réadmissions en France ne garantissent pas le droit au séjour. Le ministère de l’Intérieur français précise qu’ils relèveront strictement du droit commun.
En contrepartie de ce renvoi vers la France, le Royaume-Uni s’engage à accueillir un migrant se trouvant dans l’Hexagone sous certaines conditions. Le concerné, en plus de n’avoir jamais traversé la Manche, doit :
- être majeur,
- être originaire d’un pays hors EEE,
- être non titulaire d’une protection internationale ni d’une autorisation de séjour en France,
- avoir des attaches personnelles au Royaume-Uni
- et manifester l’envie d’y résider durablement.

Le dispositif “one in, one out” appliqué depuis la mi-septembre
C’est entre le 18 et le 19 septembre que les premiers exilés du Royaume-Uni ont atterri sur le sol français.
Parmi eux, Ahmed, originaire de Syrie, arrivé à Calais durant le mois d’août 2025. “Il fait froid, nous avons besoin d’une tente, d’un endroit pour dormir. Tous les jours, la police vient et prend tout” a déclaré le trentenaire interviewé par le média Ici.
Le ressortissant relate au média les tragédies rencontrées lors de sa traversée de la Manche à bord d’un Zodiac, un bateau pneumatique de type semi-rigide. “Dans mon bateau, trois personnes sont décédées… Ils ne sont pas morts dans l’eau, mais dans le bateau, parce qu’il y avait trop de monde… Il y avait de l’eau et de l’essence au fond du bateau”a-t-il déclaré.
Une mesure dénoncée par la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme
Cette mesure, bien qu’elle ait été approuvée par la Commission européenne, suscite de vives controverses.
La Commission nationale consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) le dénonce comme un texte contraire aux engagements internationaux de l’Hexagone et attentatoire aux droits des personnes migrantes. Elle considère le dispositif “one in, one out” comme un cynique échange d’êtres humains, soulignant le manque de clarté et le caractère discriminatoire des conditions d’entrée au Royaume-Uni.
Dans une déclaration datant du 14 octobre 2025, la CNCDH déplore également la complexité des démarches relatives à la demande de transfert vers le Royaume-Uni. “Les requérants doivent remplir un formulaire en ligne, disponible uniquement en anglais, fournir un numéro de téléphone personnel, joindre une pièce d’identité et une photo. Sans smartphone, la tâche s’avère complexe” peut-on lire dans le document.
De son côté, le Premier ministre britannique Keir Starmer se réjouit de cet accord. “C’est le résultat de mois de diplomatie adulte qui a produit de vrais résultats pour le peuple britannique” a-t-il expliqué. Il promet également l’intensification du processus.