Près d’un immigré sur quatre vit aujourd’hui dans un logement suroccupé, selon le rapport “infos migrations “ publié par la Direction générale des étrangers en France le 19 septembre 2025. Derrière ce chiffre alarmant se cachent des conditions de vie souvent précaires, où le manque d’espace devient un frein à la sérénité, à la stabilité et à l’intégration.
57 % de chance en plus pour les immigrés de se retrouver dans des logements trop petits
Selon la Direction générale des étrangers en France, les immigrés sont bien plus touchés par la suroccupation des logements que les personnes nées en France, dont seulement 5,1 % vivent dans cette situation. Le dernier rapport Infos migrations souligne que les ressortissants étrangers, notamment ceux nouvellement installés sur le territoire, ont 57 % de chances en plus de se retrouver avec un logement exigu (un studio pour une personne à une habitation de 40 à 60 m² pour un ménage de quatre personnes en moyenne).
Cette réalité est particulièrement marquée dans les zones fortement urbanisées :
- À Paris, près de 41,3 % des immigrés vivent dans un logement suroccupé, contre 21,4 % des natifs ;
- Dans les Alpes-Maritimes, la proportion atteint les 30,8 % ;
- Dans les Bouches-du-Rhône, 27 % des immigrés vivent à l’étroit, contre seulement 8,4 % des personnes nées sur le territoire.
Il est à noter que le taux de suroccupation n’est pas uniforme au sein d’un même département. En effet, la densité urbaine influence fortement les conditions de logements. Plus on s’éloigne des centres-villes, plus on gagne en espace.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- près de 30% des immigrés vivent dans un logement trop petit en plein cœur urbain,
- 16,2% d’entre eux vivent en suroccupation dans une ceinture urbaine
- et seulement 4% d’entre eux font face à cette situation en zone rurale.

Les réelles causes de cette suroccupation de logements
Cette suroccupation de logements ne relève pas du hasard. Elle résulte d’un ensemble de facteurs bien identifiés.
Pénurie de logements abordables
En tête de liste, le nombre de logements abordables ne parvient pas à suivre la hausse de la demande avec l’arrivée continuelle d’immigrés en quête d’un toit pas cher, mais convenable.
La hausse des prix immobiliers sur le territoire n’arrange pas la situation. Dans les grandes villes comme Marseille, Lyon et Paris, par exemple, le coût du m2 peut atteindre les 10 000 euros, selon le média français Capital.
“Ce n’est pas qu’on veut vivre entassés, mais avec les loyers d’aujourd’hui, on n’a tout simplement pas le choix”, a déclaré Marie, ressortissante marocaine vivant en Île-de-France depuis moins d’un an.
Une politique de logement social à bout de souffle
Selon la Fédération des associations pour la promotion et l’insertion par le logement (FAPIL), il est essentiel de réviser les stratégies de logement social face aux changements incessants du marché. Le réseau plaide pour des mesures concrètes afin d’augmenter l’offre de logements adaptés aux besoins des familles d’aujourd’hui.
À cela s’ajoute le manque de sensibilisation et de soutien aux immigrés dans leur parcours d’intégration. Sans accès stable à l’éducation, à l’emploi ou aux services sociaux, beaucoup se retrouvent piégés dans un quotidien où les perspectives d’amélioration des conditions de vie sont minces.
Certes, des associations comme Secours Catholique et Soliha apportent un soutien direct aux familles en difficulté. Leurs moyens demeurent toutefois limités face à l’ampleur du problème qui exige des réponses plus ambitieuses de la part des pouvoirs publics.
Suroccupation de logements : quand l’espace manque, tout vacille
Vivre à l’étroit, ce n’est pas seulement manquer de place — c’est aussi manquer d’air et de sérénité. Dans ces logements trop petits, chaque mètre carré devient une source de tension : les disputes s’enchaînent, le stress s’installe et le bien-être de toute la famille s’en trouve fragilisé.
Sur le plan sanitaire, l’humidité, la promiscuité et l’insalubrité favorisent la propagation des maladies et pèsent sur la santé mentale. Pour les enfants, grandir dans un espace saturé limite la concentration et l’épanouissement.
Mais, l’impact va bien au-delà des murs. Le fait de résider dans un logement exigu isole. Faute d’intimité et de lieux pour recevoir ou se ressourcer, de nombreux immigrés voient leurs relations sociales se réduire, laissant place à la solitude et au sentiment d’exclusion.
“On s’habitue à vivre les uns sur les autres, mais à la longue, ça use tout le monde, surtout les enfants.” déplore Philippe, ressortissant malien vivant dans un appartement de 25 m² avec sa femme et ses 2 enfants.
À cela s’ajoute la stigmatisation persistante des personnes vivant dans des conditions précaires, souvent perçues à travers le prisme du préjugé qui nourrit un cercle vicieux. Plus la marginalisation s’installe, plus il devient difficile d’en sortir.

Quelles sont les actions entreprises pour lutter contre la suroccupation ?
Plusieurs dispositifs ont été mis en place pour faire face à cette crise de suroccupation de logements en France métropolitaine.
Le Droit au logement opposable
Le Droit au logement opposable ou DALO permet aux personnes en situation précaire de faire valoir leur droit à un logement décent, sous certaines conditions.
La demande peut être effectuée en ligne, déposée en main propre ou envoyée par lettre recommandée avec accusé de réception au secrétariat de la commission de médiation Dalo du département où vous souhaitez obtenir un logement social. Quoi qu’il en soit, vous devez remplir le formulaire cerfa n°15036 et joindre les justificatifs demandés pour former votre recours.
Notez que vous pouvez solliciter l’aide d’une assistante sociale ou d’une association agréée pour vous guider et vous accompagner tout au long de la procédure. Et si vous avez besoin d’informations plus précises sur le DALO, consultez le guide complet du Service Public de la République française.
Les initiatives proposées par les associations
La FAPIL plaide pour une réforme du logement social afin d’en faciliter l’accès et d’augmenter le nombre d’habitations décentes et abordables. Elle organise aussi des ateliers et séminaires destinés aux ménages vivant en suroccupation, pour les aider à mieux connaître et à accéder aux aides disponibles.
Habitat et Humanisme mise sur la solidarité intergénérationnelle en développant des foyers et résidences partagées qui favorisent l’intégration sociale et l’épanouissement personnel.
Quant à France Terre d’Asile, elle concentre ses efforts sur l’accueil des réfugiés et des demandeurs d’asile. En collaboration avec les collectivités locales et les services sociaux, elle assure un accompagnement juridique et un soutien essentiel à leur intégration.
De son côté, Secours Catholique informe et conseille les personnes vulnérables de leurs droits et des ressources disponibles pour améliorer leur situation. L’association fournit également une assistance alimentaire aux familles en difficulté.
Enfin, l’Union Nationale des Propriétaires Immobiliers appelle à trouver le juste milieu entre les droits des locataires et ceux des propriétaires, afin de préserver un marché du logement à la fois stable et équitable.