Immigration 2024 : la France a expulsé 21 601 étrangers

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Dans son bilan annuel sur l’immigration, le ministère de l’Intérieur recense 21 601 expulsions en 2024. Cette hausse de 26,7 % comparée à l’année précédente, Gérarld Darmanin s’en félicite. Le ministre de la Justice déclare sur son compte X « je me réjouis de ces résultats obtenus grâce à la politique de fermeté que nous avons menée durant les neufs premiers mois de l’année 2024 ». Mais qu’est-ce qui explique réellement cette forte augmentation ? Décryptage.

La loi Darmanin et ses mesures d’éloignement

Publiée le 26 janvier 2024, la loi Darmanin dite « loi asile et immigration » emmène avec elle un lot de mesures visant à faciliter l’éloignement des étrangers en France.

Celle-ci permet entre autres à l’administration française d’expulser du territoire tout ressortissant susceptible de constituer une menace pour la sécurité publique même s’ils disposent de liens personnels et/ou familiaux sur le territoire.

Il peut s’agir :

  • d’individus jugés coupables de crimes ou de délits et condamnés entre 3 à 5 ans de prison,
  • et de personnes impliquées dans des faits de violence contre des agents publics ou des élus.

Cette mesure concerne également les demandeurs d’asile et les victimes d’actes de violence physique, mental ou sexuel. S’ils représentent une menace pour l’ordre public, ces derniers peuvent être assignés à résidence pendant une durée allant jusqu’à 3 ans maximum. Leur état de vulnérabilité est bien en entendu pris en compte pour l’application de la décision.

Par ailleurs, la nouvelle loi immigration supprime les protections octroyées aux sans-papiers époux de citoyen français ou arrivés en France avant leurs 13 ans. Celles-ci sont remplacées par une obligation de quitter le Territoire dite OQTF.

expulsions en 2024

La systématisation des OQTF

Pensée pour une meilleure maîtrise des flux migratoires, la Circulaire Retailleau impose aux préfets de joindre à tout refus de titre de séjour une OQTF.

Ainsi, tout ressortissant étranger ayant vu sa demande de régularisation ou de renouvellement de carte de quitter la France de son plein gré dans un délai de 30 jours en moyenne. Au total, 447 257 obligations de quitter le territoire français ont été prononcées en 2024.

S’il refuse, l’étranger peut être placé en CRA ou assigné à résidence, le temps que l’administration organise son éloignement vers :

  • son pays d’origine,
  • un pays prêt à l’accueillir
  • ou dans lequel il a reçu un document de voyage valide.

À cela s’ajoute une interdiction de retour sur le territoire français qui peut aller jusqu’à 2 ans.

Il est à noter que depuis l’entrée en vigueur de la loi du 26 janvier 2024, le délai d’exécution d’une OQTF a été porté à trois ans. Les individus concernés par cette mesure, en plus de devoir quitter le sol français, se retrouvent privés de leurs droits sociaux et d’accès au travail.

Les interpellations massives de l’Hexagone

Dû à l’amalgame entre insécurité et immigration, l’Hexagone est devenu le théâtre de maintes interpellations.

D’après le préfet de police de la capitale Laurent Nuñez, 36% des individus mis en cause pour des actes de délinquance sont des ressortissants étrangers.

Gérarld Darmanin déclare que 38 % des cambriolages, 40 % des vols de véhicules et 17 % de crimes et délits confondus commis sur le territoire sont orchestrés par des personnes de nationalité étrangère. Les chiffres du ministère de l’Intérieur révèlent également que les étrangers sont mis en cause dans :

  • 13 % des violences sexuelles,
  • 18 % des homicides
  • et 27 % des vols violents.

Or, les étrangers ne constituent que 8 % de la population totale selon le ministre.

En 2024, 147 154 clandestins ont été interpellés par les forces de l’ordre. Ce chiffre constitue une hausse de 18,9 % par rapport à l’année précédente. En 2025, la traque des sans-papiers continue de battre son plein. Par exemple, à Lille, 100 personnes en situation irrégulière ont été interpellées par les forces de l’ordre en neuf jours en janvier.

À Marseille, le « Plan Tranquilité » du maire Benoît Payan visant à optimiser la sécurité publique a pris une dimension disproportionnée. Les forces de l’ordre effectuent des descentes régulières dans la métropole, de la porte d’Aix à Gèze en passant par la Belle de Mai. Jeunes et adultes sont fouillées. L’arrestation des vendeurs de l’économie informels se fait en masse.

expulsions en 2024

La France attire moins les étrangers …

Depuis l’application de la loi Darmanin, la France attire moins les ressortissants étrangers.

Réduction des régularisations

En 2024, seulement 31 250 individus ont obtenu leur régularisation dont 10 330 par le travail et 20 090 pour des motifs familiaux.

Pour mémoire, la nouvelle loi sur l’asile et l’immigration, renforcée par la Circulaire Retailleau, impose aux ressortissants étrangers plusieurs conditions :

  • avoir résidé de manière continue en France pendant au moins trois ans et justifier de douze mois d’activité professionnelle pour prétendre à une AES au titre du travail ;
  • justifier de sept années de présence ininterrompue sur le territoire pour les autres types de demandes ;
  • s’engager à respecter les principes républicains ;
  • et démontrer une maîtrise avancée du Français.

Baisse des demandes d’asile

Les requêtes d’asile ont reculé de 5,5 % sur le territoire français. En 2024, les requêtes étaient au nombre de 157 947 en France. Parmi les demandeurs, on compte :

  • 13 353 Ukrainiens,
  • 10 376 Afghans,
  • 9294 Congolaiis,
  • 7989 Guinéens,
  • 6974 Ivoiriens,
  • 5868 Turques,
  • 5756 Haïtiens,
  • 5393 Bangladais,
  • 5186 Soudans
  • et 3480 Géorgiens.

La Cour nationale du droit d’asile (CNDA) et l’Office français de protections des réfugiés et apatrides OFPRA ont décidé d’accorder 70 335 statuts de protection.

FAQ

En plus du refus de titre de séjour, une OQTF peut être prononcée à votre encontre si  :

  • vous êtes entrés sur le territoire français de manière irrégulière,
  • vous constituez une menace pour l’ordre public,
  • vous exerciez illégalement une activité professionnelle en France,
  • vous êtes susceptible de fuir.

Il existe deux types d’OQTF. L’OQTF vous impose de quitter le territoire un mois après la notification. Ce délai peut être rallongé en fonction de l’appréciation du préfet. Par contre, l’OQTF sans délai vous impose de quitter la France le plus vite possible. Elle s’accompagne automatique d’une IRTF.

Oui, il est possible d’annuler une OQTF. Pour ce faire, vous devez engager un recours contentieux devant le Tribunal administratif, en étant assisté par un avocat spécialisé en droit des étrangers.

Une IRTF peut être prononcée pour une période allant jusqu’à deux ans. Si la décision reste négative, vous pouvez saisir le Tribunal administratif. L’accompagnement d’un avocat spécialisé en droit des étrangers est fortement recommandé.

Si vous êtes sous OQTF mais que vous n’avez pas les moyens de quitter le pays, vous pouvez demander de l’aide à l’OFII pour préparer votre départ. Vous bénéficierez d’une allocation forfaitaire incitative, d’une aide complémentaire de 150 euros, ainsi que d’un soutien matériel et administratif.

L’exécution d’une OQTF est de 3 ans.

L’interdiction de retour sur le territoire français (IRTF) peut durer jusqu’à deux ans.

Oui, vous pouvez revenir en France après l’exécution de votre OQTF et IRTF. Vous devez avoir un visa ou un titre de séjour valide.

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Mathias
Invité
Mathias
16 jours il y a

Plus de 21 000 expulsions en un an, c’est énorme ! Et, je pense que ces chiffres vont encore grimper dans les prochaines années..

Datch
Invité
Datch
1 jour il y a

Bonjour,
J’envisage de faire venir ma soeur en France mais ces chiffres me font hésiter. Est-il possible de se faire accompagner dans la procédure de régularisation de ma soeur svp?

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